chroniques athletiques

chroniques athletiques

Born to run : Un formidable récit d'aventure

Un récit mêlant l’aventure, la science et les sentiments, où tout est vrai. C’est ce que vous propose Christopher McDougall dans « Born to run » (né pour courir). Cherchant, comme la plupart des coureurs, des explications sur ses douleurs aux pieds, aux genoux, aux hanches ainsi qu’aux chevilles, l’auteur vous emmène à la rencontre des Tarahumaras, une tribu d’athlètes vivant au cœur du Mexique, et qui ont fait de la course à pied leur mode de vie. Ils semblent ne pas connaître la douleur, et courir est pour eux une source de joie inépuisable. Personne ne rivalise avec eux sur des grandes distances, ils survolent les terrains suicidaires comme s’il s’agissait d’une piste en tartan. Une aventure humaine extraordinaire avec des rencontres inoubliables, comme celle de caballo blanco, l’homme qui courait comme les chevaux. Chris McDougall va tenter de percer leurs secrets, lors de grandes courses dans les Copper Canyons, et va découvrir une philosophie de course qui fait de plus en plus d’adeptes : la course minimaliste.

L’accroche est alléchante, et je n’ai pas été déçu en découvrant ce récit. Je l’ai tout simplement dévoré. Un conseil, ne commencez pas à lire ce livre avant un rendez-vous important, car vous n’arriverez probablement pas à vous en séparer. Lors de la lecture, il suffit parfois de fermer les yeux pour avoir l’impression d’y être. L’auteur nous livre ses sensations à la perfection, et le lecteur est plongé au cœur de l’aventure. On s’attache très vite aux différents personnages,  que l’auteur découvre en même temps que nous. Voici un petit extrait qui, je l’espère, vous convaincra de lire ce livre, si vous ne l’êtes pas encore.

 

Tout a commencé par une question toute bête à laquelle personne ne pouvait répondre. Cette énigme en six mots allait me conduire à la photo d’un homme très rapide vêtu d’une jupe très courte, puis à un mystère qui ne devait cesser de s’épaissir.

Bientôt, j’allais me trouver face à un meurtre, à une guérilla des narcotrafiquants et à un manchot coiffé d’un pot de fromage frais. J’allais tomber sur une garde forestière – une blonde superbe – qui avait trouvé sa voie en galopant nue dans les bois de l’Idaho, sur une surfeuse à couettes courant vers sa propre mort dans le désert. Un jeune coureur de talent allait perdre la vie et deux autres devaient s’en tirer de justesse.

Plus tard, je croiserais Batman aux pieds nus, le Naturiste, des Bochimans du Kalahari, un amputé des ongles, des adeptes de l’ultra fond et des orgies, l’homme sauvage des Blue Ridge Mountains et, au bout du compte, la tribu ancestrale des Tarahumaras et leur insaisissable disciple, Caballo blanco.

Je finirais par trouver ma réponse après avoir été mêlé à la plus grande course que le monde ait connue, l’Ultimate Fighting de la course à pied, qui mettrait les meilleurs spécialistes actuels de l’ultra fond aux prises avec les meilleurs coureurs de grand fond de tous les temps sur 80 kilomètres de sentiers improbables que seuls les Tarahumaras avaient foulés.

Je réaliserais avec stupeur que l’adage du Tao, Les meilleurs coureurs ne laissent pas de traces, n’est pas une vue de l’esprit, mais une consigne d’entraînement.

Et tout cela devait arriver parce que, en janvier 2001, j’avais posé la question suivante à mon médecin :

— Pourquoi mon pied me fait-il mal ?

J’étais allé voir l’un des plus éminents médecins du sport parce qu’un pic à glace invisible me traversait le pied. Durant la semaine précédente, je faisais un jogging tranquille de cinq kilomètres sur une route de campagne enneigée, quand je me mis à hurler de douleur puis à jurer en attrapant mon pied droit avant de m’écrouler dans la neige. Quand j’eus retrouvé mes esprits, je cherchai à voir la gravité de l’hémorragie. J’avais dû m’empaler le pied sur un caillou pointu ou sur un vieux clou pris dans la glace. Or, il n’y avait pas une goutte de sang, pas même de trou dans ma chaussure.

— Votre problème, c’est la course, trancha le Dr Joe Torg, quand j’entrai en claudiquant dans la salle d’examen de son cabinet de Philadelphie, quelques jours plus tard. Il avait forcément raison. Le Dr Torg était non seulement l’un des fondateurs de la médecine sportive, mais il avait coécrit The Running Athlete, l’analyse radiographique ultime de toutes les blessures imaginables.

Il m’inspecta aux rayons X et observa ma foulée, puis il conclut que le problème venait de mon cuboïde, un os parallèle à la voûte plantaire dont j’ignorais l’existence avant qu’il ne devienne un instrument de torture.

— Mais je ne cours presque pas, rétorquai-je. Je fais à peine quatre ou cinq kilomètres par jour et même pas sur de l’asphalte, plutôt sur des chemins de terre. Peu importe.

— Le corps humain n’est pas fait pour ce genre d’agression.

Le vôtre encore moins, souligna le Dr Torg. Je voyais exactement ce qu’il voulait dire. Avec mon mètre quatre-vingt-quinze et mes 104 kg, j’entendais souvent dire que je serais mieux sous les paniers de basket ou à protéger le président qu’à battre le pavé. Arrivé à la quarantaine, j’ai commencé à comprendre pourquoi. Cinq ans après avoir arrêté le basket pour devenir marathonien, je m’étais claqué le mollet (deux fois), blessé au tendon d’Achille (beaucoup), foulé les chevilles (les deux, alternativement) et j’avais souffert (régulièrement) de la voûte plantaire au point de devoir descendre les escaliers à reculons pour la soulager. Maintenant, l’unique zone encore indemne de mon pied avait rejoint les rangs de l’insurrection.

Le plus étrange, c’est que tout le reste semblait indestructible. En tant que reporter pour le magazine Men’s Health et membre des « agités » qui formaient la rédaction originelle d’Esquire, l’essentiel de mon boulot était d’expérimenter des sports extrêmes. J’avais descendu des rapides de quatrième catégorie à bodyboard, surfé sur des dunes de sables géantes à snowboard et sillonné les Badlands du Dakota du Nord à vtt. J’avais en outre couvert trois guerres pour l’Associated Press et passé des mois dans les régions les plus inhospitalières d’Afrique, tout ça sans la moindre égratignure.

Mais, quelques foulées dans le quartier, et je me roulais par terre comme si on m’avait tiré dessus. Dans une autre discipline, j’aurais été déclaré inapte avec toutes ces blessures. Pour la course à pied, j’étais un cas normal.

 

Voici également une petite vidéo, où le traducteur du livre nous présente "Born to run" :

 

 


 

"Faites de la douleur une amie et vous ne serez jamais seul." 

Ken Chlouber

Mineur du Colorado et créateur du Leadville Trail 100

 



13/02/2016
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Sports pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour